à Dominique Aubry
un ami humble et grand par ses engagements
Il y a peu, le 31 octobre 2024, Dominique Aubry, un des acteurs premiers du Collège Coopératif, nous a quitté, et chacun, chacune, qui l’ont connu, qui l’ont aimé, à qui il a tant apporté, veulent réunir ici leurs hommages et leurs souvenirs
L’album en souvenir
Quelques jalons de la biographie de Dominique autour du Collège
Dominique Aubry devient directeur du CCPAM en janvier 1986. Il succède à Jacques Léger directeur du Bureau méridional qui assume aussi la direction du Collège jusqu’à 1985.
Il ne tombe pas du ciel. Ingénieur de formation, après un début de carrière dans l’industrie mécanique, il va s’investir pleinement dans le secteur de l’action sociale dès les années 1970. Dans le droit fil de son nouveau projet professionnel, il va participer, avec d’autres collègues déjà engagés dans la formation professionnelle des acteurs du secteur, à la première expérience de formation continue supérieure des travailleurs sociaux conduite par l’UER des sciences sociales de Luminy13, dans le cadre de la MSST [Maîtrise des sciences sociales appliquées au travail]. C’est au cours du cycle de formation en alternance de la première promotion de cadre du travail social inscrits dans le cursus que Dominique Aubry va travailler en étroite coopération avec l’équipe d’enseignants universitaires dont Maurice Parodi.
En 1987, il négocie la création et la mise en route du «DESS développement local et urbain» à la Faculté des Sciences Economiques avec la forte implication du Collège coopératif dans le champ du développement local en milieu rural et de la politique de la ville en milieu urbain. Maurice Parodi et à Philippe Langevin dirigent ce DESS. Et c’est ce trio qui va, de 1985-1995, mener le développement rapide du CCPAM avec son pôle de formation continue supérieure qualifiante pour les professionnels du secteur de l’action sociale, de l’éducation populaire, du développement social… et de son pôle études et recherches.
Suivent deux décennies de périodes de développements comme d’aléas économiques ou politiques qui montrent la détermination professionnelle et l’engagement personnel de Dominique, jusqu’à son départ en retraite anticipée dès 2004 pour réduire le montant de la masse salariale. Il assure bénévolement la période transitoire de recrutement et l’installation de son successeur.
C’est à l’AG du 2 juillet 2012 que Maurice Parodi passe le relais de la présidence du Collège à Dominique Aubry… Dans ces nouvelles fonctions à nouveau très actives, il gère projets, personnels, institutions, avec une première direction puis avec Patrica Zucca à partir de 2016, formant alors une équipe dynamique, créative et courageuse face aux difficultés. Il marque en 2019 le 40e anniversaire du collège coopératif.
Hommage de Maurice PARODI à Dominique AUBRY
Mon témoignage porte sur un demi-siècle de compagnonnage professionnel et d’amitié, au long cours avec Dominique, de la fin des années 1970 aux deux premières décennies du siècle présent.
Il revêt donc un double. Saut, collectif et personnel. Collectif d’abord, car il entend exprimer le sentiment général de compagnon, de l’ensemble des« parties prenantes » du Collège, coopératif, qui ont pu le connaître dans les phases successives de l’exercice de ses fonctions ; qu’il s’agisse des premières équipes de collaborateurs salariées, (secrétariat, formateurs), sous son autorité,bienveillante, ou des anciens étudiants–stagiaires des premières promotions, dont un certain nombre, d’ailleurs, sont devenus nos collaborateurs permanents, ou qu’il s’agisse des membres successifs de notre conseil,d’administration et du bureau, ou, enfin, de nos partenaires les plus constants.
Mais pour faire court, afin d’ écluser la file de témoignage qui nous suit, je ne marquerai que quelques escales, dans cette longue croisière en commun.
La première escale, c’est celle de notre première rencontre, à la fin des années 1970, avant même la naissance juridique du Collège Coopératif PAM en 1979. Nous fîmes connaissance à l’occasion d’un séminaire de formation continue des cadres du travail social (assistantes sociales, éducateurs spécialisés…) des conseils généraux des Bouches du Rhône et du Var, qui se tint dans les locaux de la nouvelle Faculté de médecine de l’hôpital Nord de Marseille. Ce séminaire était organisé par l’UER – unité d’enseignement et de recherche – des sciences sociales du travail de Luminy, dans le cadre du cursus de maîtrise des sciences sociales, appliqué au travail (MSST). Les responsables de cette UER (essentiellement constituée de psychologues et sociologues) avait eu recours à des intervenants extérieurs déjà chevronnés dans la formation continue des cadres du secteur (collectivités territoriales, organismes publics, ressources humaines des entreprises…)
Parmi eux : Dominique, qui, après un début de carrière d’ingénieur dans l’industrie, s’était déjà reconverti dans la voie du secteur social ; Jean Forest, qui avait fait le même choix ; André Caméléo, un médecin qui avait terminé sa carrière dans la voie sociale du CMPPU ; et un économiste… (à partir de mon expérience de direction de l’IRT Institut régional du travail de 1965 à 1975).
C’est donc au cours de ce stage de deux semaines que je pus me faire une première idée des qualités et des aptitudes méritoires de Dominique.
Je les résume ici en quelques mots-clés :
- Capacité d’empathie et de sympathie
- Fidélité dans ses engagements
- Ténacité dans ses choix de vie
- Placidité face à l’adversité et aux obstacles qui pouvait se dresser contre lui
- Et le tout assaisonné d’un bon filet d’humour et de quelques grains de fleurs de sel de Guérande…, un bon rehausseur du goût de Dominique.
C’est pourquoi, lorsque je fus moi-même en mesure d’assumer la présidence du collège, dans les années 1985–1986, avec l’appui du Conseil régional (Michel Pezet et son équipe) et du conseil général des Bouches-du-Rhône (Philibert), je n’eus aucune hésitation pour le choix du nouveau directeur du collège : Dominique AUBRY.
À partir de 1986, il fut donc à mes côtés, le co-refondateur du CCPAM et son développeur inlassable jusqu’à sa prise de retraite en 2012 (en quelque sorte son « capitaine des machines »), avec l’appui sans faille des premières équipes de collaborateurs salariés permanents dont la plupart sont aujourd’hui avec nous, et celui des universitaires et chercheurs ou autres membres du conseil d’administration qui nous accompagnent et nous soutiennent depuis tant d’années. Mais de plus, Dominique, à partir de 2012, accepta de prendre le relais de la présidence du collège, dans des conditions particulièrement délicate qui nous furent imposées dans le nouveau contexte institutionnel et socio politique de l’époque. Il forma aussi un nouveau tandem avec la directrice Patricia qui va vous en faire témoignage.
Mais avant de lui passer la parole, permettez-moi de jeter encore quelques amarres dans les baies de ma mémoire, pour évoquer des souvenirs plus personnel ou plus intimes.
– D’où une première escale à Nantes, à l’occasion d’une croisière à laquelle nous fûmes conviés, Jacqueline et moi, ce qui nous permis d’entrer de plain-pied, dans sa famille élargie de marin breton et celle d’Anaïg Heaulmes-Le Masson, sa compagne, puisque nous empruntâmes un voilier confortable de la famille Le Masson qui devait nous conduire aux îles du Glénan. Une croisière paisible, en compagnie de Denis, d’Anaïg et de Patrick, l’un des frères Le Masson, au cours de laquelle ils s’employèrent patiemment à nous amariner et à nous initier aux rudiments de la navigation, étonnés que nous nous intéressions davantage aux rares occasions de baignade, lors des mouillages ou à la découverte à pied ferme des îles, plutôt qu’à l’art de la navigation maritime.
– Une deuxième escale s’impose en Méditerranée, dans le port de Saint-Mandrier, où était amarrée, le propre voilier de Dominique, à l’occasion d’une croisière aux îles de Porcros et de Porquerolles. Nous étions trois à bord : Dominique, le capitaine, Jacqueline mon épouse et moi ; lors d’un week-end de septembre, temps calme, le premier jour, à l’aller. Mais retour mémorable le lendemain sur « vent debout », mistral impétueux, ce qui nous prit trois bonnes heures de manœuvres incessantes (virement de bord), pour nous ramener à la nuit tombante au port de Saint-Mandrier. C’est donc là que nous pûmes éprouver et admirer la placidité ou l’assurance tranquille avec laquelle il conduisait les manœuvres, sans perdre le cap.
– Troisième escale : en sa demeure aixoise aménagée patiemment dans un ancien vaste cochonnier du quartier périphérique du « Péi blanc », entièrement réhabilité, au cours des années et où il pouvait loger sa propre famille. Après le décès d’Anaïg, nous nous y rendîmes encore plus souvent, Jacqueline et moi, pour échanger avec lui et lui tenir compagnie. Et il ne manquait pas de nous préparer comme plat du jour, sont thon rouge à la tahitienne, dont on raffolait, chaque fois qu’il pouvait s’en procurer à la bonne saison.
– Une dernière escale s’impose, en la demeure d’Annie, son ultime compagnie, au sens plein de ce terme, dans la mesure où c’est elle qui l’accompagna, pas à pas, tout au long de la progression de son handicap. Annie et lui, nous y avaient accueillis bien des fois, avant même la déclaration de sa maladie. Ce qui nous avait permis de mieux connaître Annie et le travail remarquable qu’elle a pu conduire au cours de ses 20 dernières années des « Ecritures croisées », à la Maison du Livre de la Mejanes, autour des œuvres littéraires des plus grands auteurs contemporains des continents du monde. Cette dernière escale se bornera une courte déclaration.
Très chère Annie, nous n’oublierons pas ce que tu as fait et ce que tu as été pour Dominique. Nous espérons aussi pouvoir prolonger ces moments d’échanges et d’amitié, que nous vivons avec toi, de manière si intense en cette journée de deuil et de « grand chagrin ».
Donc, à très bientôt, si tu le souhaites…
Maurice Parodi
Fondateur du Collège coopératif Provence Alpes Méditerranée, Président du CCPAM, 1985–2012. Professeur émérite Faculté des sciences économiques, Université d’Aix-Marseille.
Dominique,
Mon cher camarade et ami, directeur historique du Collège, devenu président à ma très grande joie au moment où le Collège m’a proposé de te succéder … à la tête de notre communauté de pensée…
Nos messages d’adieu
Tu as su apprivoiser la jeune femme des quartiers populaires révoltée par les inégalités… que tu as contribué à élever au plus haut niveau de l’humanisme que tu portais au Collège depuis sa création avec tes compagnons Maurice Parodi et Philippe Langevin.
Et un jour, après quelques temps de ce rendez-vous devenu sacré, tu es entré dans notre bureau pour une séance de réflexion et d’échanges et tu m’as donné ton chapeau de marin … de ta tête à la mienne, et tu m’as fait capitaine de ce vieux gréement qu’est le Collège Coopératif : le « Cocopam » comme tu te plaisais à le nommer …
J’ai su ce jour-là que tu avais construit la confiance dans les actes que je posais alors, tu m’avais donné le sens, le cap et tu savais sans doute que grâce à toi je naviguerais pour un long voyage sans déroger au patrimoine humain que tu nous as laissé …
Tu as été le président le plus swing de ma vie professionnelle, le plus ouvert, le plus aimant et je sais que ton geste dit de toi aussi que tu es l’homme féministe le plus sincère …
Nous tous, tu nous laisses orphelins, nous voulons te dire notre gratitude, notre attachement à tes valeurs, au grand homme que tu es.
Merci capitaine, Ô capitaine ! Mon capitaine !
Patricia ZUCCA,
Le 6 Novembre 2024
Ô Capitaine ! Mon Capitaine !
Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Notre effroyable voyage est terminé
Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée
Le port est proche, j’entends les cloches, la foule qui exulte,
Pendant que les yeux suivent la quille franche, le vaisseau lugubre et audacieux.
Mais ô cœur ! cœur ! cœur !
Ô les gouttes rouges qui saignent
Sur le pont où gît mon Capitaine,
Étendu, froid et sans vie.
Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Lève-toi pour écouter les cloches.
Lève-toi : pour toi le drapeau est hissé, pour toi le clairon trille,
Pour toi les bouquets et guirlandes enrubannées, pour toi les rives noires de monde,
Elle appelle vers toi, la masse ondulante, leurs visages passionnés se tournent :
Ici, Capitaine ! Cher père !
Ce bras passé sous ta tête,
C’est un rêve que sur le pont
Tu es étendu, froid et sans vie.
Mon Capitaine ne répond pas, ses lèvres sont livides et immobiles ;
Mon père ne sent pas mon bras, il n’a plus pouls ni volonté.
Le navire est ancré sain et sauf, son périple clos et conclu.
De l’effrayante traversée le navire rentre victorieux avec son trophée.
Ô rives, exultez, et sonnez, ô cloches !
Mais moi d’un pas lugubre,
J’arpente le pont où gît mon capitaine,
Étendu, froid et sans vie.
Walt Whitman
« Feuilles d’herbes » 1865
LUCILE MANOURY
C’EST UNE TRÈS BELLE PERSONNE QUI PART, QUI EST AU PANTHÉON DE
CEUX, CELLES QUI M’AURONT FORMÉE. A TOUT JAMAIS UNE GRANDE
AFFECTION ET RESPECT POUR LUI.
SOPHIE ODENA
QUELLE TRISTE NOUVELLE. C’EST UN PILIER DU COLLÈGE COOP. QUI
DISPARAIT.
ANNE-LAURE PILLARD
JE VOUS PRÉSENTE TOUTES MES CONDOLÉANCES POUR LE DÉCÈS DE
DOMINIQUE. DOMINIQUE M’A EMBAUCHÉE, C’ÉTAIT EN 2012.
J’AI NAVIGUÉ QUELQUES ANNÉES À BORD DU COLLÈGE COOPÉRATIF.
DE MON POSTE DE MOUSSAILLON, QUAND JE RELEVAIS LES YEUX, JE
CROISAIS SON REGARD ATTENTIF ET BIENVEILLANT.
J’AI ÉTÉ HONORÉE DE PARTAGER UN BOUT DE CHEMIN AVEC LUI.
MILLE PENSÉES POUR VOUS DANS CE MOMENT DOULOUREUX.
PHILIPPE MOSSÉ
CHÈRE ANNIE,
LECTURE DU MONDE DU 6 NOVEMBRE : « UN GRAND CHAGRIN ». OUI ET
AUSSI DES SOUVENIRS SOUDAIN PRÉSENTS COMME S’ILS SOMNOLAIENT
DANS NOS MÉMOIRES.
AINSI, CE MATIN, J’ENTENDS L’ÉCHO DE NOS RÉCENTS ÉCHANGES AUX
PORTES DE LA MÉJANES À PROPOS DE TELLE OU TELLE LECTURE ; SA
FATIGUE NE DIMINUAIT EN RIEN NI L’INTENSITÉ, NI LA FERVEUR DE SES
PROPOS.
ET PUIS, PLUS LOINTAIN, JE REVOIS CE DÉJEUNER AU « DARIUS » AU
COURS DUQUEL J’ANNONÇAIS À DOMINIQUE QUE J’ARRÊTAIS MES
(MODESTES) ACTIVITÉS AU COLLÈGE. CE JOUR-LÀ, IL AVAIT FAIT
PREUVE D’UNE VÉRITABLE COMPRÉHENSION AMICALE.
AUJOURD’HUI, REPENSANT À TOUTES CES DÉCENNIES COLLÉGIENNES ET
COOPÉRATIVES, JE RÉALISE QUE, FACE AUX DIFFICULTÉS, MALGRÉ LES
CONTRAINTES ET LES OBLIGATIONS, DOMINIQUE PERSONNALISAIT LA «
COMPRÉHENSION AMICALE ». OUI, UN GRAND CHAGRIN.
MICKAEL ROMAN
DOMINIQUE MERCI POUR CE QUE TU NOUS LAISSE
LE COLLÈGE N’OUBLIERA JAMAIS CE QUE TU LUI AS APPORTÉ
AGNES LOUEDEC
NOS CHEMINS SE SONT TOUT JUSTE CROISÉS MAIS JE GARDE EN SOUVENIR CETTE ECOUTE QUE TU AS EU LORS D’UN ENTRETIEN ANNUEL ? CE DESIR DE RENCONTRE ET DE LIEN
JE TE SOUHAITE UNE BELLE DERNIERE TRAVERSEE
DE DOUCES PENSEES A TES PROCHES
ANNE MARIE LOPEZ
QUE C’EST TRISTE, UNE PAGE QUI SE FERME POUR LE COLLÈGE COOPÉRATIF ET LA PERTE D’UNE PERSONNE PRÉCIEUSE POUR NOUS,
POUR LE TRAVAIL SOCIAL, POUR L’HUMANITÉ. IL VA NOUS MANQUER…
MYLENE FRAPAS
CETTE NOUVELLE M’ATTRISTE. J’APPRÉCIAIS ÉNORMÉMENT
DOMINIQUE QUE J’AI CONNU DE FAÇON PROFESSIONNELLE MAIS
AUSSI MILITANTE DEPUIS MES 20 ANS. IL FAISAIT PARTIE DES
QUELQUES PERSONNES QUI ONT CONTRIBUÉ À INFLÉCHIR DES CHOIX
DÉTERMINANTS DANS MA VIE. GRANDE RECONNAISSANCE. JE SUIS
AVEC VOUS DANS CE TRISTE MOMENT.
CARINE BAUVAL
J’AI ÉTÉ EMBAUCHE PAR TOI DOMINIQUE EN 2002, TU AS SU ME
DONNER MA CHANCE ET JE NE T’EN REMERCIE ENCORE UNE FOIS
AUJOURD’HUI.
J’AI DÉCOUVERT LE COLLÈGE COOPÉRATIF : SINGULIER, EN PLEINE
ÉBULLITION, APPRENANT, PROTECTEUR.
TU Y ES POUR QUELQUE CHOSE JE CROIS.
ROSA MONELLO
C’EST AVEC UNE GRANDE TRISTESSE QUE J’AI APPRIS LA DISPARITION
DE DOMINIQUE. POUR MOI IL ÉTAIT UN GRAND HOMME AVEC UN
GRAND CŒUR, TOUJOURS À L’ÉCOUTE DE TOUS. IL REPRÉSENTAIT
POUR MOI DE LA JOIE, DU BONHEUR, DE L’ÉNERGIE POSITIVE ET
CONSTRUCTIVE POUR NOUS TOUS. JE LE PORTE DANS MON CŒUR, IL
SERA TOUJOURS DANS MES PENSÉES.